« Acheter moins, mais acheter mieux. » Interview de Céline Mangiardi, fondatrice de We Are Paris
We Are Paris : le concept store qui favorise le circuit très court
Pouvez-vous nous présenter ton parcours, ainsi que la genèse de We Are Paris ?
J’ai commencé par des études dans la publicité, puis j’ai travaillé en tant qu’attachée de presse. Il y a quelques années j’ai décidé de partir en Australie, où j’ai vécu pendant un an et demi. C’est après cette expérience que l’envie de travailler pour moi-même et non plus pour quelqu’un d’autre est née. Ayant toujours eu un attrait pour les accessoires, les bijoux, la mode et connaissant plusieurs créateurs autour de moi, je me suis dit que mettre ces personnes en avant pourrait être intéressant ! C’était en 2012 et il n’y avait pas encore toute cette effervescence autour de l’artisanat, du circuit court, etc. Au départ We Are Paris n’existait que sur internet, puis voyant que le site gagnait en notoriété, j’ai ouvert quatre boutiques éphémères dans Paris pour finalement ouvrir un concept store, rue Oberkampf.
Est-ce que le concept We Are Paris a évolué avec le temps ?
Oui ! Au début je vendais des produits fabriqués en France. Mais depuis l’ouverture de la boutique je me suis recentrée sur le made in Paris, du circuit très court. De cette façon, j’ai accès aux artisans beaucoup plus facilement et je peux surveiller le processus de fabrication, mais aussi limiter l’impact environnemental occasionné par les livraisons ou le packaging. Travailler en direct avec les créateurs et producteurs me permet également de proposer des produits à un prix qui reste correct, car il n’y a aucun intermédiaire entre eux et moi.
En parlant des créateurs, comment les rencontrez-vous ?
Au départ je disposais d’un petit réseau de créateurs, qui s’est agrandi par le bouche-à-oreille. Des amis qui connaissaient des créateurs, qui eux connaissaient d’autres artisans et ainsi de suite. J’ai ensuite assisté à des salons comme Tranoï, Bijorhca, Who’s Next pour découvrir des marques en adéquation avec les valeurs de We Are Paris et prendre la température du marché. Depuis quelques années, j’aime me rendre sur des marchés de créateurs, qui fonctionnent très bien, surtout aux alentours des fêtes (de fin d’année, des mères, des pères…). Même si j’aime partir à la recherche de marques confidentielles sur internet, c’est important pour moi de rencontrer les gens et de voir leurs produits avant de prendre une décision.
Selon vous, pourquoi le circuit court et l’artisanat parlent de plus en plus aux gens ?
Très honnêtement, le circuit court n’est pas le premier argument de vente. Celui-ci reste toujours le prix. Qu’un produit soit éco-responsable ou créé des emplois n’a pas grande importance si son prix est trop élevé. Il ne se vendra pas ou très peu. Les consommateurs veulent du local, mais du local pas cher. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de me concentrer sur la production francilienne, qui me permet d’éliminer certains coûts et de conserver des prix abordables. J’ai également arrêté de vendre des vêtements, leur préférant les accessoires, les bijoux et les cosmétiques, car la mode made in France reste coûteuse et souffre malheureusement de la concurrence avec les grandes enseignes.
La plus grosse problématique aujourd’hui est de proposer des produits locaux, bio, responsables, mais qui restent accessibles et ne s’adressent pas qu’à une certaine partie de la population.
Renouvelez-vous souvent votre offre ?
Un des principes de We Are Paris est l’édition très limitée. Après le prix, la vente de produits en petite quantité est sûrement le meilleur argument de vente, car les consommateurs aiment acheter quelque chose qu’ils ne verront pas à tous les coins de rue. Les collections sont renouvelées fréquemment car je n’ai pas de stock, mais également parce que je vends des produits saisonniers, comme des cosmétiques à base de plantes, de fruits ou de légumes qui ne peuvent pas être fabriqués tout au long de l’année.
Quel message voudriez-vous faire passer à travers We Are Paris ?
Les produits que je vends ne sont pas de première nécessité, ce ne sont pas des choses dont on a véritablement besoin. Malgré cela, ce sont des produits qu’on aime acheter, que ce soit pour se faire plaisir à soi-même ou à quelqu’un d’autre. Selon moi, ce genre d’achat doit inciter une réflexion : plutôt que d’acheter plusieurs pièces dans une enseigne de fast fashion tous les mois, pourquoi ne pas s’offrir une belle pièce qui durera dans le temps ? Acheter moins, mais acheter mieux est aujourd’hui indispensable. Il est important de se questionner sur la provenance de ce que l’on consomme.
Plus d’infos :
WE ARE PARIS
13, rue Oberkampf
75011 Paris
boutiqueweareparis.com
instagram.com/boutiqueweareparis
