McQueen, récit de vie d’un enfant terrible

Dernier enfant d’un chauffeur de taxi écossais et d’une institutrice, Alexander McQueen —ou Lee, comme l’appelaient ses proches— montre dès son plus jeune âge un intérêt pour la création. À 15 ans, après avoir quitté le lycée, il se présente chez Anderson & Sheppard, prestigieux tailleur de Savile Row et, grâce à son culot et son talent, y commence son apprentissage. Surdoué, il enchaîne ensuite les expériences, notamment chez Koji Tatsuno, créateur japonais installé à Londres, puis à Milan, chez Romeo Gigli. C’est à son retour à Londres qu’il intègre la fameuse Central Saint Martin’s, l’une des écoles de mode les réputées du monde.

C’est à la fin de ses études qu’il présente sa première collection, intitulée « Jack l’Éventreur traque ses victimes ». Les silhouettes présentées, gothiques, sombres et modernes, lui valent d’être remarqué par Isabella Blow, journaliste et icône de mode. De là naît une collaboration et une forte amitié. En portant ses créations, elle promeut son travail et lui offre une visibilité hors-du-commun. Petit à petit, leur relation se détériore, le styliste fatigué de se voir constamment associé à son mentor. Trois mois après le suicide de son excentrique bienfaitrice, il lui dédie sa collection printemps-été 2008, « La Dame Bleue ».

Les collections du créateur, c’est ce que Ian Bonhôte et Peter Ettedgui, réalisateurs de McQueen, ont choisi pour découper leur film. Cinq défilés clés pour cinq chapitres. Un choix qui tombe sous le sens, tant ces défilés, à la fois macabres, poétiques, visionnaires et transgressifs, font écho à la personnalité d’Alexander McQueen. Ce que les réalisateurs souhaitent également montrer, par ce choix, est l’isolation et le psyché complexe de l’une des figures de mode les plus célébrés de son époque qui, malgré le succès n’a jamais vraiment su se débarrasser de ses démons intérieurs.

 

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Une publication partagée par jinny’s instagram? (@day_with_jinny) le 28 Déc. 2018 à 1 :39 PST

Classique dans sa forme, la vraie force de McQueen est la richesse de ses archives, mais aussi des témoignages de ceux qui ont côtoyé Alexander McQueen avant sa tragique mort. Parmi ces derniers, Mira Chai Hyde, styliste coiffure et maquillage, Sebastian Pons, assistant styliste ou encore Detmar Blow, veuf d’Isabella Blow se prêtent au jeu des confidences. Cependant, les témoignages les plus poignants du film sont sans aucun doute ceux de Janet McQueen, la grande sœur de styliste, et de son fils, Gary McQueen, également créateur de mode.

Très discrets et n’accordant que peu d’interviews, leur participation était cruciale pour Bonhôte et Ettedgui. C’est finalement Gary qui a convaincu sa mère, touché par la démarche des réalisateurs et leur admiration pour son oncle. Montrer au plus proche ce qu’il était de son vivant et, surtout, comment un enfant des quartiers ouvriers de Londres est devenu un des plus grands stylistes des temps modernes.

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